On ne le répète jamais assez, surtout dans le monde du métal : fuyez les préjugés et uniquement après une écoute entière et attentive, permettez-vous de juger.
Mais qui peut-oser dire qu’il réagit toujours ainsi ? Pas moi en tout cas je l’avoue. Et je dois admettre que lorsqu’une amie me fit la présentation de 30 Seconds to Mars, je ne fus pas plus emballé que ça, pensant tomber sur un énième groupe de hard à gonzesses sans aucun intérêt. Le fait que ce soit une charmante demoiselle qui me donna ce "A Beautiful Lie" n’arrangea rien (et c’est avec toutes mes excuses que je la remercie aujourd’hui !).
Bref, n’ayant rien d’autre à faire, je me décide à écouter ce disque. Premier morceau : "Attack". Intro électronique un peu téléphonée mais pas désagréable, les guitares arrivent, le son est bon. Si le squelette musical est relativement décharné (guitares minimalistes, batterie très simple, boucle électronique), le chant de Jared Leto me mis sur le cul dès la première écoute. Quelle voix mon dieu. A la fois très soft mais sachant se faire déchirée et pleine de souffrance ("A Beautiful Lie") lors des parties hurlées, la claque qu’il m’infligea sur ce premier morceau fut bien plus sévère que ce à quoi je m’attendais.
La musique, plus proche du rock moderne que du métal, prend littéralement aux tripes, et ce, grâce à son exceptionnellement doué chanteur, dont la réussite de l’album repose en intégralité sur ses frêles épaules. Il faut l’entendre sur "The Kill" lors de ce break puissant et intense, où le roulement de caisse claire fait écho à ses hurlements de tourments remplis d’une sincérité presque troublante, comme un film de sa vie. Le riff, accessible mais psychédélique, est une vraie perle.
Un côté presque industriel viendra s’immiscer sur l’introduction d’un magnifique "Savior" doté d’un refrain emportant tout sur son passage. Certes, c’est très commercial mais c’est réalisé avec tant de talent qu’il faut, je pense, saluer la prouesse artistique de savoir combiner mélodies grand public et sentiments très fins pour plaire autant aux gamines de douze ans ("ah Jared Leto est trop beau, je vais m’évanouir !!") qu’à des auditeurs beaucoup plus exigeants tels que moi.
Le single "From Yesterday", une nouvelle fois très calibré, arrivera pourtant à encore me procurer des frissons tant la mélodie vocale du refrain est inspirée, superbe tout en restant puissante. C’est justement une des grandes qualités du groupe selon moi, de toujours savoir lancer la rythmique où le chant plus robuste qui empêche de s’ennuyer et de tourner en rond, comme le démontre le pont de ce titre, au riff costaud et à la ligne vocale terrassante (enfin, tout est relatif…).
L’acoustique "The Story" concoctera des sentiments plus fins et mélancoliques. Un joli morceau, rafraichissant.
Le final "A Modern Myth" me laissera plus dubitatif, car justement bien vide de quelconque émotion malgré l’apparition de quelques violons en toile de fond. La sauce ne prend pas, et rappelle tous les préjugés que je pouvais avoir avant cette écoute. Heureusement, le bonus "Battle Of One", à l’intro de batterie évoquant (avec un tant soit peu d’imagination) le mythique "Painkiller" de Judas Priest se révèle plus agressif mais pas forcement génial non plus, à cause de sonorités de synthés par forcement bienvenues en vue des vocaux de Jared sur ce titre.
"A Beautiful Lie" se sera donc révélé une excellente surprise, une galette très émotionnelle et rafraichissante lorsque l’on écoute une musique plus technique et heavy. C’est, je trouve, un très bon disque de transition entre deux gros albums plus metal car il ne s’agit effectivement pas de l’opus du siècle. Mais le talent de Jared Leto laisse pantois (et explose littéralement pas mal de chanteur heavy metal au passage…), sans oublier qu’il est également un excellent acteur, dont l’interprétation du fabuleux "Requiem for a Dream" restera probablement gravée dans les annales du cinéma underground (un film exceptionnel, dérangeant, grinçant sur la drogue et ses dérives, et surtout ses effets sur le corps et l’esprit pour une conclusion glaçante et inoubliable !). Son statut d’acteur lui permet d’ailleurs de réaliser des clips très différents de la masse, souvent très longs et entrecoupés de passages de ses propres films ou de classiques ("Shining" pour "The Kill").
Un bon disque en somme pour un homme que l’on pourrait qualifier d’artiste complet.
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